Apprend-tissage
A la culture j'ai toujours préféré l'agriculture. J'ai entendu toute mon enfance : « tu iras à l'université », mais j'ai boudé la cité et n'ai connu que l'universiterre. L'univers entier sous mes pieds gigote de vie, les vers de terre, les feux folets, les herbes folles. Je voue un culte à la nature. Inculte peut-être, cul-terreux pour sûr ! Si je ne suis pas cultivé, je cultive : un verbe que je ne sais conjuguer qu'à la forme active. Mais actif, mon corps l'est de moins en moins.
La forme passive de cultiver me pend au nez. Jeune, l'université aurait été mon mausolée. A present elle pourrait être mon sacrement. Finir ma vie en apprenant, car enfin j'ai le temps : il paraît que c'est faire les choses à l'envers. A bon ? Je me regarde. J'ai les pieds bien ancrés. Ne serait-ce pas les autres qui marchent sur la tête ?