Pour l'Oedipe vous repasserez, messieurs

Au nom du père une grande absence, un père qui dit non un père qui ne donne pas son nom. J’avance dans la vie loin de lui, dans le fantasme d’une parenté complétée.

La petite se demande. Un papa, c’est quoi ? Je ne sais pas quoi répondre. En fait, je ne sais pas non plus.

Elle revient de l’école avec ses dessins. Le père prend place là, dans un coup de foudre, sous un coup de feutre. Il est tantôt frêle comme une brindille, tantôt rond comme un ballon. Parfois, coupé par le bord de la page. Ou même carrément invisible. « Regarde papa est là, il a pas voulu rentrer dans le dessin », me raconte Gabriela, en montrant du doigt le vide à coté de la feuille. Et puis les rôles se confondent. Le père devient le prince charmant qui ne vient pas sauver sa princesse.

Elle marche sur mes pas. Elle n’a ni père ni grand-père. Elle grandit dans un univers de femmes qui se passent des hommes, parce que les hommes se passent d’être pères. Dans un monde de femmes qui n’ont le choix que d’être aussi des mères.